Dans l’œuvre classique de la littérature « Don Quichotte » de Miguel de Cervantes, le personnage éponyme montre un parfait exemple de l’effet Dunning-Kruger.
Se percevant comme un chevalier héroïque bravant les défis avec assurance et bravoure, Don Quichotte incarne ce que l’on pourrait appeler une illusion de compétence
Mais la réalité est tout autre : il est souvent incompétent et déconnecté.
Ce biais cognitif identifié par les psychologues David Dunning et Justin Kruger, se caractérise par une distorsion cognitive où les individus les moins qualifiés surestiment grandement leurs compétences.
En d’autres termes, ils ne savent pas qu’ils ne savent pas.
Un biais cognitif qui touche tout le monde… sauf les experts
Le biais Dunning-Kruger s’explique par une double difficulté des personnes qui le manifestent :
- Elles ne possèdent pas les compétences nécessaires pour reconnaître qu’elles sont incompétentes.
- Elles manquent de métacognition, c’est-à-dire la capacité à réfléchir sur leurs propres processus cognitifs.
Concrètement, une personne peu qualifiée dans un domaine ne peut pas évaluer correctement son niveau de compétence, car elle ne comprend pas ce qu’implique la maîtrise de ce domaine.
Elle ne se rend pas compte de ses erreurs et de ses lacunes.
En revanche, les personnes compétentes ont tendance à sous-estimer leurs propres compétences.
Cela peut les amener à communiquer de manière trop complexe pour leur public ou à négliger des informations qu’elles estiment évidentes, mais qui ne le sont pas pour tout le monde.
Pourquoi ?
Parce qu’elles supposent généralement que tout le monde sait ce qu’elles savent.
Le piège de l’ignorance inconsciente
Le biais cognitif de l’effet Dunning-Kruger crée un piège redoutable pour les personnes qui en sont victimes :
- Elles surestiment leurs compétences et prennent de mauvaises décisions.
- Elles ne reçoivent pas de feedbacks négatifs leur permettant de corriger leurs erreurs.
- Elles manquent de motivation et ne sont pas incitées à s’améliorer, car elles pensent déjà être très compétentes.
Pour découvrir les biais cognitifs et leur influence sur vos décisions, vous pouvez lire cet article : Les biais cognitifs qui manipulent nos décisions.
L’Effet Dunning-Kruger dans divers contextes
L’impact de l’effet Dunning-Kruger peut se manifester dans une multitude de contextes.
En voici quelques exemples significatifs :
Dans les relations sociales
La surestimation de la compétence sociale peut conduire à des malentendus ou à des interactions peu efficaces, ce qui affecte les relations personnelles et professionnelles.
Dans le monde de l’entreprise
Les managers ou les employés peuvent surestimer leur compétence en leadership ou en gestion de projet, ce qui peut mener à des décisions inefficaces et à une mauvaise productivité.
Dans le domaine de la finance
Les investisseurs débutants surestiment souvent leurs compétences en matière d’analyse financière et sous-estiment les risques, ce qui les conduit à faire de mauvais investissements.
Dans le domaine de la santé
Une surestimation de la connaissance médicale peut mener à des décisions de santé inappropriées ou à l’ignorance de conseils professionnels.
En reconnaissant et en comprenant l’effet Dunning-Kruger dans ces différents contextes, vous pourrez prendre des mesures proactives pour atténuer ses effets et améliorer votre prise de décision.
Comment éviter le piège ? Des stratégies contre l’effet Dunning-Kruger
Pour surmonter l’effet Dunning-Kruger et éviter de tomber dans le piège de l’ignorance inconsciente, il est important de :
- Être conscient de l’effet Dunning-Kruger et de ses mécanismes : Prenez le temps de réfléchir régulièrement à vos compétences et vos connaissances. Posez-vous des questions telles que : « Quelles sont mes forces dans ce domaine ? », « Ai-je besoin de m’améliorer ? » ou encore « Ai-je des lacunes dans ma compréhension ? ».
- Rechercher des feedbacks externes : Sollicitez des retours constructifs de la part de vos collègues, de vos proches ou d’experts dans votre domaine. Le feedback externe est crucial pour avoir une perspective plus objective sur vos compétences.
- Être humble et ouvert à l’apprentissage continu : Même lorsque vous pensez être des experts dans un domaine, engagez-vous dans l’apprentissage continu. Que ce soit par des cours formels, de l’auto-formation ou de l’expérimentation en situation réelle. Cela aide à combler les lacunes de connaissances et à rester à jour dans votre domaine.
Vous l’aurez bien compris, éviter le piège de l’effet Duning-Kruger implique une prise de conscience active de vos propres processus de pensée et de vos limites cognitives.