Les biais cognitifs, ça vous dit quelque chose ?
Imaginons que vous êtes au volant d’une voiture et que vous entendez un gyrophare de pompier approcher.
Sans même vous connaître, je dirais que vous allez regarder autour de vous et vous essayerez de dégager le chemin au plus vite pour permettre au véhicule des pompiers de passer.
Votre cerveau aura interprété l’urgence et vous aura incité à agir en entendant le son et en voyant les lumières provenant du gyrophare.
Dans ce scénario, l’automatisme inconscient a eu un effet positif pour vous et pour la société.
Maintenant, imaginez qu’un tas d’autres automatismes ancrés dans votre subconscient agissent à votre désavantage et dictent inconsciemment la plupart des décisions que vous prenez.
Les reconnaître et savoir identifier le moment où ils se déclenchent vous évitera de prendre des mauvaises décisions et de vous faire manipuler à votre insu.
Les biais cognitifs : des pièges invisibles
Les principaux biais cognitifs à connaître :
- Biais des survivants : Nous nous concentrons sur les personnes ou les choses qui ont réussi dans une situation donnée, tout en ignorant celles qui ont échoué.
- Biais de l’ancrage : Nous nous fions trop fortement à la première information que nous recevons lors de la prise de décisions.
- Biais de confirmation : Nous avons tendance à chercher et à privilégier les informations qui confirment nos croyances préexistantes, tout en ignorant celles qui les contredisent.
- Biais de l’optimisme : Nous surestimons la probabilité que des événements positifs se produisent dans notre vie et sous-estimons la probabilité d’événements négatifs.
- Biais du coût irrécupérable : Nous persistons dans des décisions ou des projets malgré des pertes évidentes, simplement parce que nous avons déjà investi du temps, des efforts ou de l’argent.
- Effet de halo : Nous laissons une caractéristique positive d’une personne influencer notre jugement global à son égard.
- L’effet Ikea : Nous attribuons une valeur plus élevée aux objets que nous avons assemblés nous-mêmes.
- L’effet Stroop : Nous avons des difficultés à nommer la couleur d’un mot lorsque celle-ci diffère du sens du mot lui-même.
- L’effet Dunning-Kruger : Nous surestimons nos compétences dans des domaines où nous sommes inexpérimentés, tandis que les experts ont tendance à sous-estimer les leurs.
- L’effet de projecteur : Nous surestimons l’attention que les autres portent à nos actions et à notre apparence.
- L’effet de leurre : Nous sommes influencés par des options supplémentaires qui orientent subtilement nos choix, une tactique fréquente dans le marketing.
- L’effet Barnum : Nous croyons que des descriptions vagues et générales nous décrivent précisément, un phénomène courant dans les horoscopes.
- L’effet Pygmalion : Nos attentes envers les autres peuvent influencer positivement leurs performances.
- L’effet Golem : Nos attentes envers les autres peuvent influencer négativement leurs performances.
« Nous avons tendance à surestimer à quel point nous comprenons le monde. »
Daniel Kahneman
Le biais des survivants
Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi vous entendez toujours parler des personnes qui ont réussi, mais rarement de celles qui ont échoué ?
C’est ce qu’on appelle le biais des survivants.
Imaginez que vous êtes dans une forêt remplie d’arbres. Vous voyez principalement des arbres de grande taille, forts et avec de belles feuilles.
Vous pourriez penser que tous les arbres de cette forêt possèdent ces caractéristiques.
En réalité, vous ne voyez pas tous les petits arbres parce qu’ils n’ont pas survécu.
Cela peut vous donner une fausse impression de la réalité et vous amener à prendre de mauvaises décisions dans votre vie (j’ai écrit un article qui vous explique comment prendre de meilleurs décisions).
La prochaine fois que vous entendez une histoire de réussite, rappelez-vous du biais des survivants.
Dites vous qu’un seul vainqueur signifie également 99 perdants.
Le biais de l’ancrage
Imaginez que vous vous rendiez chez un concessionnaire dans le but d’acheter une nouvelle voiture, disons une Tesla modèle 3.
Vous vous approchez de la voiture, vous regardez le prix affiché sur la pancarte : 48 000 €.
Le prix est un peu trop cher pour vous, vous n’aviez pas prévu de dépenser autant pour ce modèle.
Pile à ce moment-là, un vendeur arrive. Il vous salue, et sans que vous n’ayez le temps de lui répondre poliment, il vous annonce que le prix a subi un rabais.
La voiture est en fait vendue à 34 000 €.
C’est là que le biais de l’ancrage entre en jeu.
Vous n’en croyez pas vos oreilles, comment c’est possible, une Tesla modèle 3 à seulement 34 000€ alors que le prix était supposé être de 48 000 €.
Une baisse de 29 % (vous êtes très fort en calcul mental) !
Vous ne pouvez pas rater cette affaire en or, vous vous empressez de remplir le chèque.
Le biais cognitif de l’ancrage peut vous faire surestimer ou sous-estimer la valeur de quelque chose en fonction de la première information que vous avez reçue.
Dans cet exemple, le prix initial de 48 000 € a servi d’ancre et a influencé votre perception de la bonne affaire.
La prochaine fois que vous vous retrouvez à faire des négociations ou à prendre une décision financière, gardez à l’esprit le biais de l’ancrage.
Essayez de prendre du recul et de réévaluer la situation de manière objective sans vous laisser influencer par votre première impression ou votre estimation initiale.
Le biais de confirmation
C’est un fait, nous avons tous des croyances et des idées préconçues sur le monde qui nous entoure.
Notre cerveau a tendance à rechercher et à retenir les informations qui vont dans le sens de ces croyances, tout en ignorant celles qui pourraient les contredire.
C’est ce qu’on appelle le biais de confirmation.
Imaginez que vous êtes un grand fan de football. Vous soutenez L’olympique de Marseille et vous êtes convaincu que c’est la meilleure équipe au monde.
Chaque fois que l’OM gagne vous vous dites : « Je le savais, ils sont les meilleurs (bien meilleurs que le PSG)! ».
Mais quand l’OM perd, vous trouvez toutes sortes d’excuses : “L’arbitre était payé, le terrain était en mauvais état, l’équipe adverse avait un jour de repos en plus…”
Votre cerveau cherche des preuves pour soutenir la croyance que votre équipe est la meilleure, tout en ignorant ou en minimisant les informations qui pourraient la contredire.
Ce biais peut vous empêcher de voir la réalité telle qu’elle est et vous faire prendre de mauvaises décisions.
Alors, comment éviter le piège ? Restez ouvert à toutes les informations, pas seulement celles qui soutiennent vos croyances.
Le biais de l’optimisme
Le biais de l’optimisme, c’est cette petite voix dans votre tête qui vous dit que tout va bien se passer, même quand les statistiques et les faits suggèrent le contraire.
Nous avons tendance à surestimer la probabilité que des événements positifs se produisent dans notre vie et à sous-estimer la probabilité d’événements négatifs.
Par exemple, si vous pensez que vous ne risquez pas d’avoir un accident de voiture parce que vous êtes un bon conducteur, vous pourriez être tenté de ne pas mettre votre ceinture de sécurité.
Cela peut vous conduire à prendre des risques inutiles et à négliger des précautions importantes.
Pour éviter de tomber dans le piège du biais de l’optimisme, vous devez prendre du recul et évaluer les risques de manière objective.
Même si vous aimez penser que vous êtes spéciaux, n’oubliez pas que les lois de la probabilité s’appliquent à tous.
Le biais du coût irrécupérable
Vous avez déjà ressenti le besoin de continuer quelque chose simplement parce que vous y avez déjà beaucoup investi ?
C’est le biais du coût irrécupérable en action.
Ce biais nous piège en nous faisant croire que nos investissements passés justifient des dépenses futures, même si elles ne sont plus bénéfiques.
Imaginez que vous suivez un cours de danse pour lequel vous avez payé, mais que vous n’appréciez pas vraiment.
Le biais du coût irrécupérable vous pousse à continuer, simplement parce que vous avez déjà payé, au lieu d’évaluer si continuer vaut réellement la peine.
Pour surmonter ce biais, vous devez reconnaître que les coûts passés sont irrécupérables et vous concentrer sur les bénéfices futurs.
Prenez des décisions basées sur ce qui apportera le plus de valeur à l’avenir, et non sur ce que vous avez déjà investi.
Lire davantage sur : Le biais cognitif du coût irrécupérable : Comment éviter son piège
L’effet de halo
L’effet de halo est un biais cognitif qui vous pousse à attribuer des qualités positives à une personne, un produit ou une marque, simplement parce que vous aviez eu une bonne impression d’elle.
Si une personne est physiquement attirante par exemple, vous aurez tendance à penser qu’elle possède également d’autres qualités positives comme l’intelligence ou la gentillesse.
Un exemple pertinent de l’effet de halo concerne les élections politiques.
Vous pourriez être tentés de voter pour un candidat simplement parce qu’il est charismatique, sans prendre en compte ses compétences réelles ou son programme politique.
L’astuce contre ce biais consiste à ne pas laisser votre première impression ainsi qu’une seule caractéristique positive vous aveugler sur le reste.
Dans le doute, repensez à la citation « L’habit ne fait pas le moine » et ne tirez pas de conclusions hâtives.
Lire davantage sur : L’effet de halo – Quand la première impression influence la perception
L’effet Ikea
L’effet Ikea est un biais psychologique qui nous fait valoriser davantage les choses que nous assemblons ou créons nous-mêmes.
Lorsque nous investissons du temps et de l’effort dans l’assemblage d’un meuble Ikea, par exemple, nous avons tendance à lui accorder une valeur supérieure à celle d’un meuble déjà monté.
Ce phénomène s’explique par le fait que notre implication personnelle dans la création ou l’assemblage d’un objet lui confère une valeur sentimentale et perçue plus élevée.
Cela s’applique non seulement aux meubles, mais aussi à d’autres domaines de la vie, comme la cuisine ou le bricolage.
Pour éviter de tomber dans le piège de l’auto-satisfaction et de surévaluer vos propres créations, vous devez adopter une perspective objective et comparer vos réalisations à des produits similaires.
Pour en savoir plus, lisez : L’effet IKEA – Pourquoi nous payons plus pour ce que nous assemblons
L’effet Stroop
Imaginez que vous lisez le mot « BLEU » mais il est écrit en rouge.
Votre cerveau se débat pour dire la couleur de l’encre (ROUGE), pas le mot…
C’est l’effet Stroop, un curieux mécanisme de l’esprit qui montre comment votre cerveau gère les informations conflictuelles.
Il nous apprend que certains de nos automatismes cognitifs comme la lecture rapide entrent en conflit avec d’autres tâches simples comme reconnaître une couleur.
L’effet Stroop est important pour comprendre nos biais cognitifs et peut avoir des implications dans notre vie quotidienne, notamment en matière de gestion de l’attention.
Lire davantage sur : L’effet Stroop : Quand la couleur joue des tours à votre cerveau
L’effet Dunning-Kruger
Vous avez déjà rencontré quelqu’un qui surestimait grandement ses compétences ?
C’est l’effet Dunning-Kruger en action.
Ce biais cognitif fait que les personnes les moins qualifiées ont tendance à se surestimer, alors qu’elles ne réalisent pas leur manque de compétence.
D’un autre côté, ceux qui sont vraiment compétents sous-estiment souvent leurs propres capacités.
Cet effet montre l’importance de l’humilité et de la recherche continue d’apprentissage pour avoir une meilleure appréciation de vos vraies compétences.
L’effet de projecteur
L’effet de projecteur se produit lorsque nous croyons que les autres nous observent et jugent plus qu’ils ne le font en réalité.
Nous avons tendance à surestimer combien nos actions et notre apparence sont remarquées par les autres.
Cela peut mener à une anxiété inutile car nous supposons, souvent à tort, que nos moindres faits et gestes sont sous un projecteur.
En réalité, les gens sont souvent trop préoccupés par leurs propres vies pour prêter une attention particulière à nos actions ou notre apparence.
Pour en savoir plus : L’effet de projecteur – Pourquoi vous n’êtes pas le centre d’attention
L’effet de leurre
Nous tombons dans l’effet de leurre lorsqu’une option supplémentaire nous influence inconsciemment à choisir une option spécifique parmi les autres.
Par exemple, face à deux produits, l’introduction d’une troisième option moins attrayante peut nous influencer à préférer l’un des deux premiers choix.
Cet effet est une stratégie marketing astucieuse qui exploite nos biais cognitifs pour orienter nos décisions.
L’effet de leurre révèle comment nos décisions peuvent être subtilement orientées par des alternatives soigneusement conçues.
Lire davantage sur : L’effet de leurre – Son pouvoir sur nos choix
L’effet Barnum
- “Vous avez un grand besoin que les autres vous admirent.“
- “Vous êtes quelqu’un de généreux et d’attentionné envers vos proches.”
Vous avez remarqué que les prédictions des horoscopes comme celles-ci semblent vraiment vous correspondre ?
C’est probablement l’effet Barnum en jeu.
Cet effet décrit notre tendance à croire que des descriptions générales et floues nous caractérisent précisément.
Il est souvent utilisé dans les horoscopes et dans les tests de personnalité, où des affirmations vagues sont acceptées comme spécifiquement applicables à nous.
Ce biais psychologique nous rappelle l’importance de rester critiques face aux informations apparemment personnelles, mais en réalité universelles.
Lire davantage sur : L’effet Barnum – La psychologie derrière les horoscopes
L’effet Pygmalion
L’effet Pygmalion révèle le pouvoir de nos attentes sur les performances des autres.
Croire en la capacité de quelqu’un peut effectivement améliorer ses performances.
Si vous attendez d’une personne qu’elle excelle, elle le fera la plupart du temps.
Cette attente positive peut transformer des personnes avec du potentiel.
L’effet est particulièrement remarquable dans l’éducation et dans le management.
Mais c’est aussi vrai dans le cas inverse (l’effet Golem).
Comprendre l’effet Pygmalion, c’est reconnaître l’influence de nos propres croyances sur les capacités des autres.
Lire davantage sur : L’effet Pygmalion – Comment les attentes impactent la performance