
Selon une étude, 42 % des jeunes déclarent aimer lire des livres1.
Cependant, ce chiffre ne cesse de diminuer.
Pourquoi cette désaffection pour la lecture ?
Une baisse de l’attention et des difficultés à se concentrer

Jérôme, professeur d’histoire-géo dans le Val-de-Marne, constate depuis dix-sept ans une dégradation de l’attention de ses élèves2.
Ils éprouvent désormais des difficultés à se concentrer sur les documents, à comprendre les textes ou à relier les informations entre elles, alors que ces compétences étaient plus courantes il y a une décennie.
Ce témoignage illustre l’un des principaux freins à la lecture chez les jeunes : leur incapacité à maintenir leur concentration sur une période prolongée.
Avec l’essor des réseaux sociaux comme TikTok, où les vidéos se consomment en quelques secondes, le temps d’attention des jeunes s’est considérablement réduit.
Les contenus doivent captiver immédiatement, sous peine d’être zappés en un instant.
Or, la lecture exige patience, concentration et attention soutenue.
Par exemple, lire une page de livre prend en moyenne 1 à 1 minute 30, un effort que beaucoup de jeunes ne parviennent plus à fournir.
Ces éléments expliquent pourquoi un adolescent peut trouver la lecture longue et ennuyeuse, et donc ne pas y prendre plaisir.
Je vous dévoile la solution pour lire un livre sans vous ennuyer dans cet article.
Des divertissements faciles d’accès
Autrefois, l’accès au divertissement était moins immédiat.
Les familles ne disposaient pas de plusieurs ordinateurs ou smartphones connectés à Internet.
Pour se divertir ou apprendre, il fallait se contenter de la télévision, des livres ou attendre son tour sur l’ordinateur familial (expérience vécue).
Aujourd’hui, tout est à portée de main.
Dès le collège, les jeunes possèdent souvent un smartphone, leur offrant un accès instantané à des séries, films, documentaires, animés, jeux vidéo et plateformes de streaming.
Résultat : ils passent en moyenne plus de 3 heures par jour devant un écran3.
Face à cette profusion d’options, la lecture, qui demande plus d’efforts, peut sembler moins attractive.
Pourtant, lire un livre reste une expérience unique et enrichissante.
Une addiction pour les réseaux sociaux

J’ai dépassé la vingtaine, j’ai des responsabilités, des passions et je connais mes priorités.
Pourtant, il m’arrive encore de passer des heures sur les réseaux sociaux, captivé par un simple scroll ou des stories qui n’apportent rien à ma vie, bien au contraire.
Même lorsque je ne fais rien de productif, je reste hypnotisé.
L’aspect addictif de ces plateformes est si puissant que, sans un effort conscient de self-control, je pourrais y passer toute la journée.
Alors, imaginez l’effet sur un jeune sans grandes responsabilités…
Sans l’encadrement des parents pour promouvoir la lecture ou limiter le temps passé en ligne, un adolescent n’a aucune raison de décrocher de ces distractions faciles.
Un algorithme qui s’adapte à nos préférences
Les algorithmes des réseaux sociaux sont conçus pour s’adapter à nos préférences, nous montrant principalement ce que nous aimons déjà.
Résultat : si une personne ne s’intéresse pas à la lecture, elle a peu de chances de tomber sur des publications liées à cette activité.
Par exemple, bien que j’aime lire et que je dévore des livres, mes fils d’actualité ne reflètent pas cette passion.
Mon “Pour toi” sur TikTok est principalement rempli de vidéos sur le sport, les arts martiaux et la musique, des sujets que je recherche et avec lesquels j’interagis souvent.
Plus je consomme ce type de contenu, plus l’algorithme m’en propose, sans jamais vraiment me pousser à explorer de nouvelles thématiques.
Une gratification instantanée

Les jeunes ont souvent du mal à se projeter dans le futur et à percevoir les bénéfices à long terme de leurs actions actuelles.
Pour eux, la lecture ne semble pas offrir d’avantages immédiats.
Imaginons la perspective d’un jeune en 2025 :
- Il sait qu’il peut obtenir n’importe quelle information en quelques secondes, grâce à des shorts sur YouTube, des réels sur Instagram ou TikTok.
- Il ressent du plaisir instantané en jouant à des jeux vidéo ou en regardant ses séries préférées.
Dans ce contexte, pourquoi s’asseoir pour lire un livre pendant des heures ?
Comparé aux divertissements rapides et accessibles, la lecture semble bien moins attractive.
Un système éducatif qui ne développe pas le plaisir de la lecture
Le système éducatif actuel ne motive pas suffisamment les jeunes à lire des livres qui pourraient leur plaire.
Pour susciter leur intérêt, il est essentiel de mieux comprendre leurs goûts et de s’adapter à leurs préférences.
À l’école, les élèves sont souvent obligés de lire des classiques de la littérature française comme Madame Bovary de Flaubert, Le Malade imaginaire de Molière ou Le Rouge et le Noir de Stendhal.
Bien que ces œuvres soient importantes pour comprendre notre culture et notre langue, elles ne correspondent pas aux attentes des jeunes d’aujourd’hui.
Peu d’entre eux parviennent à s’identifier à ces textes ou à apprécier leur style.
Les statistiques le montrent : en dehors de l’école, les jeunes préfèrent largement les romans, les mangas et les bandes dessinées.
Mon expérience personnelle illustre bien ce constat.
J’ai détesté la lecture jusqu’au jour où, en 4ème, mon professeur de français nous a proposé de choisir parmi trois livres.
Par hasard, j’ai opté pour Le Gone du Chaâba d’Azouz Begag, une autobiographie.
Contre toute attente, j’ai adoré ce livre. Le récit était passionnant, et je pouvais m’identifier à l’auteur.
J’ai même obtenu un 20/20 à l’évaluation (je garde précieusement cette feuille chez moi).
Bien que je ne sois vraiment tombé amoureux de la lecture que des années plus tard, cette expérience a changé ma vision des livres.
Cette histoire montre que le problème ne vient ni des livres ni des jeunes, mais de la manière dont la lecture est encadrée et présentée à l’école.
Des influences externes qui n’encouragent pas les jeunes à lire des livres
Si les jeunes aiment de moins en moins la lecture, c’est aussi parce qu’ils ne sont pas suffisamment influencés positivement en ce sens.
Beaucoup ont une image négative ou faussée des livres.
C’est durant la jeunesse que nos goûts se forment.
Si une activité est perçue comme ennuyeuse ou démodée, et que personne autour de nous n’en parle, nous serons naturellement moins enclins à la pratiquer.
Prenons l’exemple des influenceurs sur les réseaux sociaux et à la télévision.
Très peu d’entre eux promeuvent la lecture, sauf lorsqu’il s’agit de mettre en avant leur propre livre.
Pourtant, leur impact est immense : les jeunes les admirent, les imitent et les suivent avec passion.
Ce n’est pas un blâme, mais un constat, la plupart des influenceurs ne s’intéressent tout simplement pas à la lecture et ne la valorisent pas.
L’interdiction de la promotion des livres à la télévision et à la radio française

Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi il n’y a pas de publicités pour les livres à la télévision ?
En France, une loi interdit la promotion commerciale des livres pour “préserver l’intégrité éditoriale et protéger la littérature en tant que bien culturel”.
Si cette mesure vise à protéger, elle crée aussi une barrière : elle empêche d’inciter les jeunes à lire.
Contrairement aux publicités pour les fast-foods, qui nous poussent à consommer, nous ne sommes pas exposés à des messages encourageant la lecture au quotidien.
Résultat : si les parents ne transmettent pas le goût de la lecture dès le plus jeune âge, cette habitude devient difficile à adopter plus tard.
La volonté de lire doit alors venir de soi-même, ce qui représente un obstacle supplémentaire expliquant la baisse de popularité de la lecture.
Si cet article vous a plu, je vous invite à consulter mon article répondant à toutes les questions que vous pouvez vous poser sur la lecture.
1 – CNL « Les jeunes et la lecture 2022 »
2 – Le Monde – “Le combat pour l’attention est à mener avec les étudiants”